Gillen Gamiochipi, dirigeant de Kappsports, société proposant des services numériques clés en mains à des organisateurs de courses et des chronométreurs.

 

 

Tu peux me faire une brève présentation de ta personne ?

 

Je m’appelle Gillen Gamiochipi, j’ai 31 ans, originaire de Barcus où j’ai passé mon enfance ainsi que mon adolescence. Après un parcours scolaire classique je me suis dirigé vers des études de marketing et statistiques à Pau, j’y ai passé un master Méthodes Stochastiques et Informatiques pour la Décision.

 

De quoi s’agit-il plus exactement ?

 

Pour faire simple il s’agit de partir d’un gros volume de données pour extraire des tendances qui seront utilisées dans le domaine des sondages, de l’assurance, des médias… On peut dire que cela a un lien avec la big data dont on entend beaucoup parler en ce moment. Après mon master j’ai donc travaillé 6 années sur Paris au sein d’un institut de sondage puis à Médiamétrie.

 

Quelle est ta pratique sportive ?

 

J’ai commencé par la pelote basque puis vers l’âge de 12 ans je me suis tourné vers le rugby. Malheureusement je me suis blessé au genou vers l’âge de 20 ans et j’ai donc du arrêter. J’ai tout de même repris le rugby en région parisienne quelques années après: c’est un sport vraiment génial pour se créer des amitiés et un réseau. Actuellement je fais de la course à pied dès que je le peux dans les parcs parisiens, mais aussitôt que j’en ai la possibilité je file en montagne, c’est là que je m’éclate vraiment! Je ne fais pas de compétition, ma pratique est centrée sur l’envie et le plaisir. J’ai tout de même l’intention de participer à des courses, peut-être au travers de l’action « se’coureur » : il s’agit en tant que coureur de compléter l’action des organisateurs et des secours agréés sur le terrain, sans se substituer à eux bien entendu. Ce sera pour moi une façon d’aborder la compétition avec une dimension humaine encore plus forte.

 

Venons-en à Kappsports, explique-moi le projet.

 

En 2014, avec Christophe Marquet, je crée Kappsports que l’on peut qualifier de start-up même si je n’aime pas trop cette dénomination. L’idée était de créer un réseau social pour sportifs avec un principe de challenge, pour partager des défis avec des amis ou d’autres sportifs. Après une récolte de fonds puis un travail de développement nous avons lancé l’application pour téléphone mobile Kapp10 (prononcer kapten) d’abord sur Ios puis sous android. Nous avons aussi commencé à développer une application qui avait pour objectif d’intégrer des données comme la vitesse, distance, dénivelé etc. en temps réel sur une vidéo filmée par une caméra d’action, mais go-pro nous a devancé sur ce projet que nous avons finalement abandonné.

Kapp10 n’a pas eu le succès espéré, nous nous sommes rendus compte que le développement d’un réseau social demandait des financements très importants que nous n’avions pas. Tout en poursuivant le développement de kapp10 nous avons décidé d'orienter davantage l’entreprise vers le trail et le running. C’est ainsi qu’en 2016, je fais un test sur le trail de Barcus avec comme idée de départ d’envoyer immédiatement après la course un sms à chaque participant avec son classement, son temps et sa moyenne. Les retours des participants et du chronométreur ont été très positifs, la volonté d’orienter Kappsports vers le service aux organisateurs et chronométreurs se précise à ce moment là.

 

Peux-tu m’en dire plus ?

 

Le postulat de départ est simple, en France les grandes courses comme le marathon de Paris ou l’UTMB offrent toute une panoplie de services payants aux coureurs, des photos personnalisées, des sms avec des informations etc. Le coût de ces services vient s' ajouter au prix de l’inscription qui est souvent très élevé. Or sur les 8000 événements running annuels l’immense majorité sont des courses de petite ou moyenne ampleur et ce sont elles qui génèrent l'essentiel du volume des coureurs. L’idée est donc de généraliser ces services à toutes les courses tout en maintenant des tarifs d’inscription accessibles. Dès cette année, grâce à un partenariat avec plusieurs chronométreurs, nous allons proposer ces services sur près de 150 courses dans le sud-ouest et en Auvergne.

 

Quelles sont les perspectives d’avenir ?

 

Notre objectif est de devenir un acteur important du running en offrant des services de qualité à des prix accessibles, avec comme vocation de travailler avec les organisateurs et les chronométreurs. D’autres projets sont aussi en germe, comme la création d’un challenge régional dans le sud-ouest puis au niveau national, une sorte de championnat. Nous avons d’ailleurs intégré depuis peu l’incubateur du groupe Sud-Ouest à Bordeaux que ce projet a séduit. Mon souhait à long terme est d'accompagner le développement des courses afin de venir soutenir, sans le déstabiliser, un écosystème très largement associatif. Je souhaite créer un système qui sera vertueux pour tous, autant pour les organisateurs que pour les coureurs tout en nous permettant de nous développer, c’est très important pour moi de préciser cela. 


 

Nicolas, 34 ans , vient de s'installer à Barcus avec sa famille. Sportif passionné, il participe à l'organisation du trail en tant que co-président de l'association des parents.

Découvrons l'homme et son parcours sportif.

 

Parle-nous de toi, d'où viens-tu et comment as-tu débuté les trails ?

 

J'ai grandi en Charentes près d’Angoulême. J'ai débuté mon parcours sportif par le judo, à l'âge de 6 ans, je suis ceinture noire 2ème Dan. Dans les années 2000, je me suis lancé dans les raids multi-sports avec un ami, essentiellement en région parisienne. Puis, en 2006, je suis parti m'installer en Martinique et c'est là que j'ai découvert le trail - il faut dire que j'ai toujours été très attiré par la nature et la liberté qui sont pour moi l'essence de trail. Peu après mon arrivée en Martinique et après une longue hésitation, je me suis inscrit sur le « tchimbé raid » (« tiens bon » en créole), qui est une course mythique là-bas. C'est ainsi que j'ai pris le départ d'une course de 65 km avec plus de 4000 mètres de dénivelé positif et cela sans entraînement ni équipement particulier...

 

 

Comment s'est passée ta course ?

 

Cela a été dur, très très dur, j'ai beaucoup souffert. C'est là aussi que j'ai compris l'importance de l'équipement : j'avais pris le départ avec des chaussures de running dans lesquelles j'avais fait des trous la veille afin de les aérer, j'avais un simple short et tee-shirt. J'ai mis plus de 18 heures à finir la course, je n'en pouvais plus, à l'arrivée j'étais décomposé, à ce moment-là je me suis dit « plus jamais ça »...

 

Mais dès le lendemain, je n'avais plus qu'une idée en tête : repartir !

 

C'est de là qu'est née ma passion pour le trail. De se retrouver seul dans la jungle, dans la boue en pleine nuit, a été une sensation unique que je n'oublierai jamais. Le trail est une rencontre avec soi-même : on y approche nos limites physiques et mentales, on ne peut compter que sur soi. Pour moi c'est une transcendance, un dépassement ultime, c'est d'ailleurs assez addictif.



Et ensuite ?

 

J'ai participé aux différents challenges en Martinique, et à quelques courses en métropole comme le GRP ou les championnats du monde à Annecy. J'ai progressé, et je me suis assez souvent retrouvé dans les dix premiers des différentes courses auxquelles je participais. En 2014, j'ai gagné mon premier challenge en Martinique et j'ai terminé 33ème de la Trans-Martinique. En 2015, j'ai terminé premier du tchimbé raid du volcan, 52km pour 3350 mètres de dénivelé.

 

Le fait de gagner est gratifiant mais ce n'est pas ce que je recherche en priorité lorsque je prends le départ d'une course : encore une fois, c'est le défi personnel qui prime. C'est, je pense, ce que la majorité des gens recherchent dans le trail: la nature, le dépassement, l'idée de défi. La compétition n'est qu’accessoire. Cela se ressent d'ailleurs dans l'ambiance très sympa des courses.

 

En 2015, je suis revenu en métropole et je me suis installé à Barcus, c'était important pour moi qu'il y ait des montagnes autour de mon lieu de vie.

 

 

 

Tes prochains défis?

 

J'ai très envie de participer à des ultra-trail comme l'UTMB dans les Alpes, ou bien la diagonale des fous à la Réunion même si le côté très commercial de ces courses me dérange un peu.

 

Et puis j'aimerais partager ma passion pour le trail autour d'un projet personnel, mais je ne peux en dire plus pour l'instant...

 

 

Quel est ton regard sur « Ahargo Lasterkaz » que tu contribues à organiser cette année ?

 

 

C'est un très beau trail, le panorama sur la chaîne des Pyrénées est magnifique. Le 19 km n'a rien à envier aux parcours de haute montagne, le dénivelé est fort. Il demeure toutefois accessible, c'est ça aussi que j'apprécie dans ce sport : chacun y met l'intensité qu'il souhaite en fonction de ses capacités physiques et mentales. Ce que je trouve sympa, c'est d'avoir 2 parcours pour la course et puis aussi la randonnée qui reprend le circuit du 10km : tout le monde peut y trouver son compte. D'ailleurs ma compagne, Prisca, qui n'est pas spécialement sportive, s'est lancée le défi de faire le 19km, pour une fois c'est moi qui l’encouragerai sur le côté !

 

Et j'ai trouvé une équipe d'organisation super motivée, pour dire le parcours a déjà été intégralement nettoyé. J'espère que nous aurons du monde, en tout cas nous ferons tout pour !